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Un roman - L'Arc de la lune

Un jeune félissien contemple l'arc composé par les branches emmêlées de deux arbres La version papier, le roman, chez votre libraire, au prix de 8 €.
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Résumé de l'éditeur

Entre son beau-père détestable et sa mère qui le délaisse, Léo ne trouve pas sa place dans sa famille. De plus, il n’est pas comme les autres : c’est un «félissien». Il décide alors de partir vivre dans le seul lieu où il se sent bien : la forêt. Il y fait de nombreuses rencontres qui lui permettent de grandir et de se construire, notamment celle avec Falgand qui lui apprend les secrets de son nouvel habitat. Mais les bois ne sont pas un lieu sûr : Léo est-il fait pour ce monde ? Et qui est la mystérieuse Léa au prénom si semblable au sien et toujours accompagnée d’un loup ?

Thèmes :

Amitié, tolérance et différence, relations parents/enfants difficiles, quête de soi, interrogations à propos de ses origines

Points forts :

- Les jeunes lecteurs pourront s’identifier au héros par son âge et son mal-être.
- Le héros dépasse ses difficultés, ce qui donne une vision positive de lui et un bon exemple aux adolescents.
- L’aventure et la fantasy remportent beaucoup de succès auprès des jeunes lecteurs.
- Le caractère initiatique de l’œuvre rappelle les rites de passage qui conduisent de l’enfance à l’âge adulte.
Public-cible : à partir de 12 ans.

Chapitre 1 - INVITÉ

— Souviens-toi que ta place, ici, est provisoire !

Léo baisse la tête. Il déteste cette brute de Bern mais il ne veut plus lui donner de prétexte. Il ne veut plus être battu devant sa mère.

Elle regarde ailleurs. Elle est très occupée par ses petits derniers, les enfants de Bern. Ils font sans cesse des bêtises. Elle doit prendre soin d’eux. Ils sont petits : c’est normal qu’elle leur donne les meilleurs morceaux, les plus grosses parts.

— Léo a eu plus que sa part.

Ce discours de son beau-père, il l’entend chaque jour. Il n’y a pas beaucoup d’années d’écart entre les deux gamins et lui. Mais le traitement de l’un et des autres est complètement différent.

— Tu es l’aîné, maintenant ! Tu entres dans l’adolescence !

Il aimerait bien savoir ce que sa mère a voulu dire ce jour-là. Il n’y avait aucune tendresse dans sa voix. Elle n’ose plus lui dire qu’elle l’aime depuis que Bern est avec elle.

Il y a une dizaine de jours, c’était l’anniversaire de Bayle, le petit dernier. Il a invité tous ses copains d’école. Ils ont fait la fête toute la journée. Baka est venu leur raconter des histoires en s’accompagnant de sa mandoline. Ensuite, il leur a fait une démonstration de ses talents d’acrobate.

Baka-le-Shaman-Gris est un barde, un artiste célèbre à Bourg-de-Brank, la ville la plus proche. Il sillonne la campagne environnante sur ses échasses.

Il a tendu un fil entre deux arbres et il a marché dessus ! Il s’est même allongé. On aurait dit qu’il flottait dans le vide. Léo a déjà vu des magiciens faire tenir un homme allongé au-dessus du sol. Mais le faire soi-même, par la maîtrise du corps, il trouve ça beaucoup plus fort. A la fin, Baka a jonglé avec cinq sabres, puis avec cinq torches. Un cercle doré faisait écho au disque argenté de la lune apparue au-dessus de la Crête des Pâles.

Léo rêve de marcher au-dessus du vide, de jongler avec des épées et de grimper à la cime des arbres. Son plus grand plaisir est de se réfugier dans la forêt, de s’y perdre et de retrouver son chemin en montant au sommet du feuillu le plus haut. Dans ces moments-là, il a le sentiment que la forêt lui parle.

Rentrer ! Parfois, il souhaiterait se perdre et ne jamais revoir Bern. Bern et sa violence. Bern et ses paroles qui font mal. Ce ne sont pas les coups qui font le plus souffrir. Les traces s’effacent en quelques jours. Ce sont les mots qui les accompagnent. Ils abîment le cœur.

— Tu n’es qu’un invité, ici !

Encore des mots qui font mal, qui blessent au plus profond… Pour qui il se prend, celui-là ? Il lui a volé sa mère. Il veut aussi le priver de sa vie ? La vie de Léo, elle est avec Ellénore, sa mère, pour la protéger de Bern-le-violent. Pourquoi l’a-t-elle invité à partager sa vie ? Pourquoi est-elle tombée amoureuse de ce bûcheron mal dégrossi ?

Au début, Léo s’en souvient, il était heureux de voir sa mère heureuse. Elle était enceinte, il avait quatre ans, elle dansait avec lui quand Bern partait couper du bois. Un jour, Bern les a surpris. Il a interdit à Ellénore de danser à nouveau.

— Dans ton état, tu dois protéger notre enfant. Et toi, lâche ta mère, a-t-il ajouté.

Depuis ce jour, Bern s’est mis en tête de dresser Léo.

— Il est brutal, mais c’est pour ton bien, répète inlassablement Ellénore.

Le ton de sa mère a évolué. La dernière fois qu’elle lui a répété ce refrain, c’était sec et dur. C’est normal qu’elle soigne et choie les deux petits. Il sait bien qu’il est l’aîné. Mais pourquoi lui refuse-t-elle la moindre caresse ? Elle ne l’a plus serré dans ses bras depuis le jour où Bern les a grondés alors qu’elle attendait son premier.

— N’oublie jamais que tu es en sursis ! tonne la voix du bûcheron.

Léo ne peut s’empêcher de regarder Bern avec mépris. Son beau-père utilise un mot qu’il vient d’apprendre. Tout ça pour l’humilier. L’adolescent était présent quand Bern s’en était fait expliquer le sens par Baka.

— Le sursis, c’est comme l’équilibre, on peut tomber à tout moment, avait fini par dire le barde devant l’incompréhension de Bern. Un homme gravement malade est en sursis : il peut mourir à tout instant. Un condamné à mort est aussi en sursis : il peut être exécuté d’un jour à l’autre.

La claque de Bern retentit. La joue de Léo devient brûlante.

— Ne me regarde pas avec insolence ! Tu as vu son attitude ? ajoute-t-il à l’intention d’Ellénore.

Sa mère hoche la tête. C’est tout ce qu’elle lui accorde d’attention. Vouée corps et âme aux deux derniers, elle semble l’avoir oublié.

— Tu n’es qu’un félissien ! Est-ce que tu en as conscience ?

Oh oui, Léo le sait ! Il est le lointain descendant d’un croisement magique entre les humains et les félins. C’était pendant la Guerre des Dieux.

Ses pupilles rétrécissent et grossissent pour s’adapter à la luminosité. Ses ongles sont rétractiles comme les griffes des chats. Il tient ces particularités de son père. Sa mère, humaine comme Bern, n’a jamais voulu lui dire qui était cet être qui l’avait « engrossée » et abandonnée.

Il a aussi pu constater que sa différence rendait les autres méchants. Il leur fait peur. Il n’a jamais agressé un seul de ses camarades, pourtant. Mais dès qu’il apparaît, les yeux se détournent, les regards louchent.

— Va te coucher ! ordonne Bern. Demain, tu te lèveras avec le soleil pour rejoindre l’école.

Léo va retrouver sa paillasse. Depuis les beaux jours, Bern a prétexté que les petits avaient besoin de place pour jouer. Il a donc été exilé en dehors de la maison. Il dort dans une cabane à peine plus grande que la niche de Dodog. Il n’a jamais aimé ce molosse, aussi crétin que son maître et tout aussi hargneux. Il y a quelques années, le chien lui avait mordu le bras mais Bern l’avait puni, lui, l’accusant d’avoir excité Dodog. Une cicatrice était restée.

Bern lui a fait un beau cadeau sans le vouloir : dans sa cahute aux planches mal jointes, l’odeur des arbres lui parvient. Il s’entraîne à reconnaître les cris d’animaux. Il s’endort avec les bruits de la forêt. Il est dans son élément.

À suivre...

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